C’est un combat de titans qui se joue dans l’antichambre de nos existences
 Lorsqu’en joug,  Mme Nuit pleine de peur lutte contre Mr Jour plein d’aisance.
 Les murmures lancinants de la belle brûlent nos tympans de ses plaintes
 Alors qu’on se bouche les oreilles pour échapper à cette insomnie  d’étreintes
 Ils hantent les moindres recoins de la pièce comme des fantômes d’illusions
 Que l’on s’emploie à dégommer à bout portant comme des pigeons.
 Echec. Mes yeux n’ont pas su se fermer avant les douze coups d’horloge.
 C’est parti pour une nuit qui vomit chaque seconde mes mots de la gorge.
 Inutile de tenter de bâillonner nos silences, Mme Nuit préfère le brouhaha
 Inutile de tenter de dompter la cadence, Mme Nuit nous donnera le la.
 Durant quelques heures, le cerveau connaîtra une terrible hyperactivité
 Comme si cet amoncellement de minutes suffisait à tout décrypter.
 L’absurdité de Mr Jour s’étale comme sur un négatif de pellicule
 Incapable de trouver un sens à ce petit homme qui nous manipule
 Il crie, il revendique, il dirige, opposant le quotidien à nos vertiges
 Il impose, il ordonne, il s’érige, craignant de perdre son prestige.
 Mme Nuit prend l’alcool et le verse sur la pellicule
 Comme pour assommer le petit homme qui gesticule.
 Mme Nuit croit pouvoir faire taire sa Raison
 En injectant au petit homme son enivrant poison.
 Mais comment croit-elle lutter contre un Mr Jour plein de promesses
 Quand elle ne peut lui opposer que tristesse et détresse ?
 Les hommes ont besoin du soleil de Mr Jour pour se rassurer
 Mme Nuit n’est belle que pour ceux qui sont vraiment apaisés.
 Pour les autres, Mme Nuit torture et tourmente sans fin ni compassion
 Pour les autres, Mr Jour c’est un quotidien qui promet adrénaline et action
 Mme Nuit, il faut cesser de promettre le bonheur, c’est de l’utopie
 Mr Jour s’est déjà chargé de nous expliquer les rouages de la vie.
 A chaque minute du jour, on se brise, on se heurte sous les rayons du soleil
 A chaque minute de la nuit, on se panse, on se soigne en rêvant de lune de miel
 Mais si on s’étourdit chaque nuit comme des pantins sans merveille
 Les soldats du jour nous maintiennent l’esprit vide, nous surveillent
 Nos pauvres esprits ont distancé nos corps au cœur de nos paradis perdus.
 Mais ces soldats nous hurlent  « Revenez, pauvres galériens têtus ! »
 Mais qui sont-ils, plein de mépris, pour nous lancer leurs flèches empoisonnées ? 
 Ont-ils définitivement perdu l’âme du monde dans leurs encéphales aseptisés ?
 Pourrons-nous un jour réussir à les réanimer ou devrons-nous toujours lutter ? 
 Leur conformisme et leurs paroles bien réglées, saurons-nous un jour les assommer ?
 Mme Nuit est inéluctablement trop sombre contre les soldats de Mr Jour
 Elle ne fait pas le poids, pauvre dame aux enfants sourds.
 Jour 1- Nuit 0. Chaos. On rembobine le film.
 Les premiers rayons du soleil déjà nous assassinent.
 Mais il restera toujours des séquelles de ces heures sans rendement. 
 Ces heures qui s’affichent chaque nuit comme des pertes de temps.
 On ne sort pas indemne de ce genre de nuit  aux allures de bras de fer
 Ces envies de rien, et ces riens qui donnent envie n’arrivent pas à se taire.
 On s’accroche à ces nuits de sursis comme à un butin oublié de tous. 
 Quelque chose qui nous appartient, une parenthèse au goût de soufre.
 Une chose du cœur dont on ne nous a pas encore dépossédés. 
 On a brûlé nos racines et nos veines, maintenant, taillade-les !
 On n’a pas besoin de leur perfusion héréditaire pour survivre,
 Mr Jour a gagné mais le reste de la bataille est à suivre.
 Mme Nuit est à terre et on a remis nos costumes, 
 Mais à Minuit à coup sûr, ce sera l’amertume.